L'arrivée à Foz do Iguaçu après une nuit de bus est compliquée. Elle l'est d'autant plus qu'il y a deux terminaux de bus à Foz : l'un d'où arrivent tous les bus nationaux et qui est en dehors de la ville, et l'autre qui se trouve au centre et d'où partent les bus locaux et ceux reliant les trois villes jumelles que sont Foz do Iguaçu (Brésil), Puerto Iguazu (Argentine) et Ciudad del Este (Paraguay). Évidemment, ça prend un peu de temps à comprendre quand on ne parle pas portugais et qu'aucune information n'est disponible au terminal national.
Je me dirige donc droit vers l'auberge pour poser mes affaires, prendre une douche et avoir quelques conseils. Le Tetris Hostel est un agglomérat de containers transformés en dortoirs entourant une petite cour arborée avec un couloir de nage trop petit pour que j'aie pu voir quiconque en profiter. L'endroit est joli et très international, mais les gens restent trop peu de temps pour que de réels liens se créent (seuls les Brésiliens restent plus de 3 jours). Je vais toutefois réussir à discuter un peu avec des Brésiliens et des Français, tous en voyage sauf Joao, un Brésilien qui vit à l'auberge entre deux locations et qui étudie la médecine au Paraguay (les études y sont beaucoup moins chères, comme à peu près tout d'ailleurs).
La principale raison pour laquelle les gens se rendent à Iguazu, ce sont les inévitables cascades. Situées à la frontière argentino-brésilienne, les chutes se succèdent sur plusieurs kilomètres et la plus grande culmine à 80 m de hauteur différentielle entre le haut et le bas de la cascade. Autour de celle-ci, l'ensemble a été nommé la "Garganta del Diabolo" ("gorge du Diable") et une passerelle permet de subir le courroux de celui-ci (c'est vachement impressionnant à ressentir, entre le bruit, la vapeur rafraichissante et l'humidité ...). Bref, c'est super beau, malheureusement un peu trop plein de monde, mais on arrive toujours à s'extraire de la foule deux minutes pour profiter du paysage. Je n'ai vu malheureusement que le côté brésilien pour des raisons de manque d'organisation générale et de motivation (le côté argentin était en partie en travaux et nécessite beaucoup plus de temps car le chemin est bien plus long), mais ça doit valoir le coup de visiter les deux côtés (je laisse ceux qui l'auraient fait me donner leurs impressions en commentaire ;) ).
L'autre attraction majeure est le barrage d'Itaipu. C'est l'un des plus grands du monde (après le barrage des Trois Gorges en Chine, et après celui qui est en construction en Ethiopie) et celui qui produit le plus d'électricité actuellement. Créé en 1982, il se trouve sur la frontière entre le Brésil et le Paraguay (ça fait chier les Argentins qui ne profitent pas de l'électricité bon marché produite à quelques kilomètres à peine de chez eux, et qui ont subi les dégâts environnementaux à l'époque ... il semblerait que ce soit à peu près réglé maintenant), tout comme le lac de retenue qui s'étend sur des kilomètres. La visite est impressionnante mais manque un peu d'explications techniques sur les techniques de construction, les impacts écologiques et le processus de production d'électricité actuel. Comme d'habitude au Brésil, les ingénieurs qui ont conçu les plans de la centrale sont mis en valeur, mais les ouvriers du chantier et de la centrale ont également droit à une statue sympa et plantent un arbre dans la zone autour de la centrale lorsqu'ils partent à la retraite ou au bout de 20 ans de service. A noter qu'il y a également une espèce de réserve environnementale réalisée au cours du temps pour protéger la flore et la faune locale (notamment les capybaras qui prolifèrent dans le coin, j'en ai vu plusieurs depuis le bus qui nous amenait au barrage mais les photos sont trop floues malheureusement).
Non loin de l'accès brésilien aux chutes d'Iguazu et de l'aéroport de Foz do Iguazu se trouve une dernière attraction intéressante à visiter : le Parque dos Aves (parc des Oiseaux). Conçu au départ pour protéger les oiseaux victimes de braconnage et du trafic animalier, il héberge de nombreuses espèces tropicales, allant des flamands et des échassiers aux perroquets et aux toucans en passant par de trop nombreuses espèces locales pour que je sois capable de toutes les citer. Des tortues, des caïmans, des serpents et des lézards ont également trouvé refuge dans le parc. J'ai partagé cette avalanche de couleurs avec Samuel, un étudiant Brésilien du Minas Gerais en vacances à Foz, qui me disait que les lézards étaient extrêmement communs chez lui, de même que certains perroquets (il vit à la campagne et a un grand jardin).
Passer du Brésil à l'Argentine est relativement simple avec le bus, les deux ville sne sont distantes que d'une dizaine de kilomètres et séparées par le Rio Iguazu, et les formalités douanières ne prennent qu'une dizaine de minutes (le temps d'attente de la file et deux minutes avec les douaniers). A noter que les douaniers argentins n'ont même pas tamponné mon passeport (ça n'est pas une erreur, ils semblent ne pas se préoccuper de ça comme les gens circulent tout le temps d'un pays à l'autre dans cette zone), ce qui aurait pu me poser problème pour entrer au Chili si je n'avais pas eu le tampon des Brésiliens encore en cours de validité au moment où j'ai pris le bus de Mendoza à Santiago. Par contre il faut vraiment prévoir une heure de marge si vous devez prendre un bus côté argentin, j'ai raté le mien à 5 minutes près alors que j'avais prévu du temps supplémentaire ...
Je suis donc resté involontairement à Puerto Iguazu pendant une journée. C'est une ville bien plus petite que Foz do Iguaçu, où il n'y a pas grand chose à faire si l'on ne sort pas en excursion pour la journée (le seul musée que j'aie repéré était fermé en janvier, sans qu'aucune info ne l'indique sur place ...). Par contre, il y a un point fort appréciable à passer en Argentine : la cuisine est enfin un peu différente (ici une picaña qui n'a pas résisté très longtemps à mes coups de fourchette ;) ). L'auberge dans laquelle je suis restée était malheureusement peu agréable, essentiellement peuplée d'Argentins venus en famille pour les vacances dans une ambiance de camping (musique type "un dos tres Maria" jusqu'à 2/3 heures du matin alors qu'on était un mardi soir ...), à côté d'une rue passante (les camions n'ont pas arrêté de la nuit), et le personnel était franchement peu accueillant (j'avais l'impression de les déranger à chaque fois que je les croisais ...). Bref, j'étais content de partir pour Santa Fe et Esperanza à la recherche de M. Mégevand et d'un authentique Chalet Suisse argentin.
Ces chutes d'eau elles font ressembler les chutes du Niagara a ma douche