Le bus entre Sao Paulo et Rio prend normalement entre 6h et 6h30, mais suite à un accident sur l'autoroute, nous avons mis 8h à arriver. J'étais quand même crevé à l'arrivée et me suis dirigé directement vers l'auberge, située dans une impasse de Copacabana avec un gardien à l'entrée. Celui-ci était plus là pour rassurer les habitants que pour réellement surveiller quoi que ce soit ... L'auberge est plus petite et plus calme que celle de Sao Paulo, la plupart des clients sont des étrangers mais quelques Brésiliens viennent aussi là, surtout pour profiter de la plage qui est à 10 minutes à pied en prenant son temps. Deux Allemands sont en train de télétravailler quand je redescends du dortoir : Marvin et Natascha sont extrêmement accueillants et je vais passer l'essentiel de mes moments à l'auberge avec eux. Natascha est d'ailleurs ma voisine de dortoir et a vécu à Lyon, elle parle super bien français et va être ma meilleure amie pendant une semaine.
Après une petite balade dans le quartier pour tâter l'ambiance de la ville et manger un brin, je vais m'allonger deux minutes vers 17h histoire d'être en forme pour la soirée ... J'émerge le lendemain seulement. Du coup je suis en pleine forme pour monter au Corcovado voir le Christ Rédempteur. Le début de la marche est située dans le parc Lage, un joli jardin tropical où se trouve aussi un petit musée. Mais je décide de monter directement car la rando est à l'ombre et la forêt est super chouette, offrant parfois des vues sur les collines alentour. Sur le chemin, je trouve des petites cascades et des animaux (notamment un petit singe et un tatou un peu perdu ...) - j'ai vu aussi des oiseaux et des papillons bleus magnifiques, mais le temps de prendre le portable, ils étaient déjà loin ! Une fois arrivé en haut, bien en sueur après 2h30 de marche par plus de 35 degrés, je profite enfin de la vue sur une bonne partie de la ville et sur la baie de Rio. Je croise aussi par hasard Gregorio, un Australien rencontré à Sao Paulo qui loge cette fois chez des amis à Leblon, le quartier riche au sud de la ville. La statue en elle-même n'est pas si impressionnante. Elle accueille à sa base une petite chapelle pour les croyants (essentiellement des Brésiliens) qui semblent faire une sorte de pèlerinage ici. A la redescente, je prends le petit train qui arrive de l'autre côté de la colline, vers Laranjeiras. Il est temps de rentrer à l'auberge et de retrouver les Allemands, ainsi que leur nouvelle amie Lara, une Suisse allemande qui vient juste d'arriver. Je me rends compte en les écoutant que j'arrive à comprendre l'essentiel quand ils parlent allemand, mais ils font tout de même l'effort de parler en anglais la plupart du temps pour m'intégrer dans la conversation. Ils veulent sortir en boîte, et je les laisse réfléchir à leur destination nocturne tandis que de mon côté, je tente de trouver un lieu où écouter un peu de musique brésilienne.
Et là, je tombe sur une perle : le Bip Bip, un bar ouvert sur la rue, minuscule, dans lequel je ne réussirai jamais à m'engouffrer malgré y avoir passé 3 soirées (les autres soirs, c'était fermé ^^), où l'essentiel de l'espace est occupé par une table autour de laquelle jouent en acoustique une dizaine de musiciens. Le premier soir est dédié à la bossa nova, tandis que les deux autres soirs seront plutôt axés autour de la samba traditionnelle (pas celle de carnaval). Il faut parfois se battre pour entendre les musiciens avec le bruit de la rue, mais leur énergie et l'atmosphère que dégage le lieu en vaut clairement la peine. J'apprendrai assez vite que le lieu est un repère de gauchistes brésiliens depuis les années 60 et que son fondateur, Albertinho, est une personnalité qui a mené de nombreux programmes socio-culturels locaux. Le lieu a gardé cette ambiance malgré son décès et une camaraderie s'installe naturellement entre le public, les musiciens qui changent régulièrement, et les propriétaires et employés du lieu.
Les journées à Rio sont marquées par un temps étouffant qui engourdit aussi bien les locaux que les touristes. Je suis également marqué par le nombre de musées et de commerces fermés en cette période de vacances ... Tout le monde semble être sur la plage ou non loin, à boire des coups, manger, discuter et profiter de l'air marin. N'étant pas moi-même passionné par la plage (je finirai tout de même par aller me baigner un soir après avoir croisé Bastian, mon voisin de dortoir originaire de Valparaiso, venu pour des vacances et qui s'est retrouvé à vendre des caïpirinhas à la sauvette pour rester quelques jours de plus), je me retrouve un peu désemparé en journée, et marche énormément dans les rues de cette ville très étendue qu'est Rio, sans pour autant en avoir fait le tour en une semaine.
J'aurai tout de même le temps de visiter :
le Centro (avec son Musée national d'histoire, gratuit, qui couvre aussi bien la préhistoire que la colonisation portugaise et l'esclavage, les relations avec les peuples autochtones, les révoltes contre les portugais puis l'Empire du Brésil et la guerre du Paraguay mais reste très succinct sur les périodes républicaines et les régimes militaires ... et son Musée de Demain dont l'objectif d'éveiller la sensibilité scientifique du public est accompli partiellement par une débauche de moyens avec des films en 360° et des espaces interactifs cachant malheureusement une vision consensuelle un peu éloignée des connaissances actuelles en matière climatique, peut-être à cause de ses mécènes),
une partie de Botafogo (sympa mais rien de spécial à noter là-bas, comme Copacabana, le quartier est surtout dédié à la plage et aux restos-bars),
le parc Quinta da Boa Vista (avec le musée national en son centre, un magnifique palais malheureusement en rénovation et donc fermé ... mais le parc était joli) et le quartier attenant de Sao Cristobao dans lequel je me suis perdu (je voulais aller au Centre des Traditions du Nordeste, mais il était évidemment fermé comme à peu près la moitié des choses censées être ouvertes au Brésil ...),
la péninsule d'Urca au pied du Pain de Sucre (une espèce de station balnéaire Belle Epoque que peu de gens visitent car elle est à l'écart de la ville et après le départ du téléphérique pour le Pain de Sucre),
et même Ipanema et Lagoa le dernier soir (surtout pour faire un tour au resto-bar Vinicius où de nombreux chanteurs brésiliens et internationaux sont passés honorer la mémoire du poète brésilien Vinicus de Moraes).
Et non, je n'ai pas non plus évité l'incontournable détour par le Pain de Sucre, difficilement accessible à pied sans matériel de grimpe, et ait donc crâmé mon budget pour prendre le Bondinho, le téléphérique qui relie Praia Vermelha au Morro da Urca puis au Pain de Sucre. Un peu déçu par l'ambiance disneylandisée (c'est encore plus l'usine à selfies qu'au Corcovado, et des pseudo-DJ diffusent de la musique de supermarché mal remixée près des boutiques qui occupent une bonne partie de l'espace disponible en haut des 2 collines), j'ai tout de même apprécié les vues incroyables offertes par l'endroit ainsi que les quelques espaces naturels à l'écart de la foule.
En cette fin de janvier, j'ai également pu assister à un défilé de pré-carnaval, malheureusement de courte durée (1h environ), dans le quartier de Lapa, connu pour ses arches et sa vie nocturne. Nous sommes d'ailleurs retourné dans ce quartier avec les Allemands et avons passé une soirée fort amusante et un peu arrosée à faire des poses stupides dans les escaliers colorés d'une rue animée, discuter, boire des coups et danser. (Je montrerai les photos à qui voudra une fois que Marvin me les aura envoyées ;) )
Cette douceur de vie que j'ai vécu à Rio ne m'empêche pas d'avoir constaté qu'ici comme à Sao Paulo, il y a encore des quartiers frappés par une grande pauvreté (notamment dans le nord de la ville et dans les favelas qui se sont développées sur une bonne partie des collines de la ville, laquelle n'en manque pas) et des SDF qui tentent de s'en sortir en récupérant les déchets recyclables, créant un véritable service parallèle de collecte des déchets. La criminalité semble toutefois clairement sous contrôle dans les zones où j'ai pu passer.
Au final, j'ai un goût d'inachevé en quittant la ville, alors que je pense avoir fait l'essentiel de ce que je voulais là-bas, mais la force des rencontres joue probablement aussi sur mon état mental au moment où mon bus décide enfin de se pointer avec une bonne heure de retard, direction Foz do Iguaçu en repassant par Sao Paulo, hub routier incontournable pour partir vers le sud-est.
(Note : je me bats pour intégrer petit à petit les photos à l'article, mais bon, ça fait tellement longtemps que l'article est prêt que je vous le propose déjà hein ;) )
Pour partir vers le sud-ouest ! :-)