top of page
  • tataria1

Jours 23 à 26 - Próxima Estación: Esperanza

Après le plus beau coucher de soleil que j'ai vu jusque là durant mon voyage (sur un lac abritant un green de golf, dans la province de Misiones en Argentine) et un changement de bus à Santa Fe (capitale de la province argentine de Littoral et ville estudiantine, dans laquelle je n'ai pas eu le temps de m'attarder), je me dirige vers Esperanza, petite ville d'environ 40000 habitants. Un contact que mon père s'était fait sur un site de généalogie, M. Wilhejm, l'avait invité à passer par là pour rencontrer son patron, M. Luis Mégevand, lequel fait partie de l'association "Guillaume Tell" regroupant la communauté suisse locale.


Arrivé à la gare routière d'Esperanza, je n'ai toujours pas réussi à contacter l'ami de mon père si enthousiasmé par ma visite. Je vais donc au plus vite à l'hôtel recommandé par ses soins, qui se trouve non loin de la place centrale de la ville. On est dimanche, c'est l'heure de la sortie de la messe, et pourtant tous les commerces autour ou presque sont fermés. Après avoir posé mes affaires, je demande un peu d'aide à la réceptionniste, qui tente de me soutenir autant qu'elle peut en essayant quelques téléphones locaux, mais personne ne semble connaître M. Wilhejm ...  L'heure avançant, je finis par envoyer un message à mon père (qui m'a fourré dans cette aventure) et par filer manger dans le seul boui-boui ouvert sur la place, une espèce de bar-tabac-épicerie-réchauffeur de plats où le seul client, visiblement local, semble passionné par le rallye auto diffusé sur la télé argentine.


Quant à moi, une fois ma pizza surgelée réchauffée (non, il n'y avait même pas d'empenadas dans ce lieu de perdition) et ma Santa Fe bien avancée (car oui, tout n'est pas perdu, ils vendaient quand même des bières "locales" qui pour industrielles qu'elles soient, restent meilleures que la plupart des bières brésiliennes), je fuis l'air conditionné pour me réfugier sous un parasol en terrasse, face au petit parc, ce qui me permet de constater que la moitié des trajets effectués dans ce quartier le sont par des livreurs de PedimosYa, sans doute possible le Uber local.


Revenu à l'hôtel, rien n'a changé à ma situation et c'est désormais un réceptionniste qui a pris son service. Le petit-fils du propriétaire est motivé pour m'aider à trouver M. Wilhejm, et appelle même ses grands-parents pour savoir si le nom leur dit quelque chose. Mais là encore, chou blanc. Je remercie tout de même ce brave garçon (cette expression paternaliste est là juste pour en faire bondir deux-trois) et remonte recharger les batteries avant de partir à la chasse aux Mégevand grâce à ... l'annuaire local que tout hôtel vieillot laisse à disposition de ses clients !


Alors que j'allais quitter l'hôtel pour continuer mes investigations, le réceptionniste, Luca, me prévient que quelqu'un est en bas qui vient me voir. C'est un dénommé Carlos, d'environ 65 ans, qui connaît Luis Mégevand et qui m'emmène à sa maison, laquelle est à l'adresse indiquée dans l'annuaire. Mais il n'y a visiblement personne. Carlos, qui parle un peu français, me propose alors de me joindre à lui : il va à l'aérodrome pour sortir ses avions (oui, vous avez bien lu). Je ne m'attendais pas vraiment à celle-là, mais ... pourquoi pas après tout !


Et nous voilà parti pour la visite du hangar. Carlos a construit, rénové et/ou réparé déjà 3 appareils et en a un 4ème en cours de montage, sur la base de plans suisses qu'il est fier de me montrer. Il me dit qu'il lui faut environ 2 ans pour construire un avion. Le premier avion qu'il sort est celui de voltige afin de faire quelques figures. Restant sur l'aérodrome, je ne verrai que son spin à cause de la végétation environnante, mais ça reste franchement impressionnant. Il rentre après quelques minutes, et me propose alors de monter avec lui faire un tour au-dessus de la ville avec son Mooney. Et me voilà à profiter de mon premier vol privé en monoplan au milieu de l'Argentine alors que je n'avais jamais imaginé ça quelques heures avant ! On survole la ville à basse altitude, c'est intéressant de voir la différence entre la perception de l'espace depuis le ciel et depuis le plancher ... Le vol ne dure pas très longtemps mais est incroyable.


Le temps de ranger les avions et de discuter avec d'autres pilotes et passionnés d'aviation, Carlos m'emmène voir Jorge "qui parle mieux français que moi" me dit-il. Jorge est un mécanicien chevronné, la soixantaine, qui a passé 10 ans à côté de Lausanne et qui fabrique maintenant ses propres voitures, typées années 1920, juste pour le plaisir. On discute un peu avec sa femme, Lisa, prof d'anglais, et sa belle-mère, puis nous allons manger en ville où nous retrouvons le fils de Jorge, Agustin, et la femme de Carlos, Maria Rosa. La place principale est plus animée le soir et nous finissons au Dondequieras, un snack sans plus d'intérêt sinon son nom particulièrement bien trouvé par de probables amateurs de jeux de mots ("Où tu veux" en français), le fait qu'il soit ouvert assez tard et ses serveurs aux petits soins pour les clients.


Soirée pizza-bière et blagues stupides sont au menu, et nous nous quittons vers 23h, alors que Carlos m'a proposé de passer me chercher pour le petit-déjeuner demain à 7h avec Jorge et lui. Je ne traîne donc pas à me coucher.  Le lendemain, Carlos m'emmène à la station-service où il prend son café avec Jorge et un autre ami qui est passionné d'aviation lui aussi. Ils discutent de leur futur voyage au Michigan pour un grand meeting aérien. Jorge me propose de m'emmener à Córdoba jeudi, mais cela fait un peu trop tard pour moi ; j'essaierai cependant de le voir là-bas s'il a un peu de temps !


Après le petit-déjeuner, je retrouve Luis Mégevand à l'hôtel, accompagné de sa femme qui parle bien français et dont les ancêtres viennent de Monthey en Valais, de German, l'ami généalogiste de mon père, et de Ruben, le président de l'association "Guillaume Tell" qui regroupe la communauté suisse d'Esperanza. Ils me font visiter les locaux de l'association ainsi que le Chalet Suisse, qui a servi d'école technique au début du XXème siècle et où sont aujourd'hui donné des cours de danses traditionnelles suisse et argentine. Le Chalet Suisse abrite également un petit musée qui narre l'épopée des premiers colons suisses d'Esperanza et présente un fusil d'époque utilisé pour le tir fédéral que les Suisses ont importé ici, ainsi que des costumes traditionnels et une bannière qu'on dirait tirée de Heidi. C'est extrêmement étonnant de trouver tout cela dans une petite ville argentine. Puis Ruben nous emmène à sa résidence secondaire où une peinture murale raconte l'histoire de ses grands-parents, venus d'Allemagne et de Suisse en Argentine. Tous ont une vision un peu idéalisée de la Suisse et sont très fiers de leurs racines ; pour la plupart, ils ont déjà voyagé en Suisse pour retrouver leur famille éloignée et en gardent un excellent souvenir.


Je retourne à l'hôtel vers midi et m'endors immédiatement. Dehors, il fait plus de 35°, ce qui est apparemment chaud même pour les Argentins. Quand j'émerge, Carlos effectue des travaux de réparation à l'hôtel, et je comprend qu'il est l'oncle de Luca, le réceptionniste, et que sa femme Maria Rosa est la fille du propriétaire ! Nous partons prendre un café ensemble, de nouveau à la station-service qui est visiblement un lieu où Carlos a ses habitudes. Maria Rosa et Carlos me disent que l'inflation en Argentine est d'environ 1% par jour. Eux semblent s'être habitués à la situation, car l'hôtel marche correctement même s'ils ont du ajuster les prix (qui restent particulièrement bon marché pour les Européens vu qu'Esperanza n'est pas vraiment une destination touristique de masse ...). Je ne m'attarde pas sur les sujets politiques avec eux car je crains assez fortement de ne pas partager toutes leurs positions, la ville semblant être assez fortement conservatrice et religieuse et Carlos ayant a priori un fort penchant libertarien.


Ma dernière journée à Esperanza sera peu notable ; ayant pensé que German ou Luis auraient voulu me voir un peu, j'ai allongé inutilement mon séjour dans une ville où l'ensemble des choses à faire, déjà peu nombreuses en raison de la taille de la ville, des distances américaines et de l'absence totale de transports en commun (et par 35° en moyenne, je n'allais pas louer un vélo non plus hein), était fermé pour le mois de janvier. J'ai tout de même cherché à débusquer les peintures murales à travers la ville, mais celles que j'ai fini par trouver ne valaient pas spécialement le coup d’œil. Ma balade m'a toutefois permis de prendre quelques photos des monuments locaux : la Casa El Antigua, où a vécu une peintre locale, l'ancienne gare (elle a fermé après l'ouverture de la route 70) reconvertie en poste de police, un camp de sport au portail de mauvais goût pour ceux qui ne parlent que français, et un monument moche représentant les immigrants qui sont venus  à Esperanza chercher fortune. Après une petite glace sur la place centrale et un café avec Carlos, je suis fin prêt pour le bus de nuit qui m'emmène à Córdoba, la 2ème plus grande ville d'Argentine.

57 vues1 commentaire

Posts récents

Voir tout

Jour 17 - Un détour par Curitiba

Le retard du bus (3h30 sur l'horaire prévu à la base) m'oblige à changer mon plan de départ car il n'y a plus de bus de nuit pour Foz do Iguaçu à Sao Paulo. A la place de trouver en dernière minute un

Jours 9 à 16 - Rio de Janeiro, la langoureuse

Le bus entre Sao Paulo et Rio prend normalement entre 6h et 6h30, mais suite à un accident sur l'autoroute, nous avons mis 8h à arriver. J'étais quand même crevé à l'arrivée et me suis dirigé directem

bottom of page