Suite aux événements racontés précédemment, je suis arrivé à l'auberge O de Casa vers 20h (donc de nuit ici), sans réservation et sans savoir si j'allais pouvoir y rester. Par chance, ils avaient un lit de libre pour moi et j'ai pu poser mes affaires dans une ambiance complètement différente ... L'atmosphère est ici beaucoup plus celle que j'ai connu dans les auberges de jeunesse européennes, avec des voyageurs soit "occidentaux" (dont Australie et Afrique du Sud), soit latino-américains, essentiellement autour de 25-30 ans (mais je ne suis pas le plus vieux ;) ), certains qui font des vacances-télétravail, d'autres qui font des vacances tout court. Une confiance naît instinctivement entre les uns et les autres dans cet endroit un peu à l'écart de la rue, mais situé dans un quartier animé (et donc globalement sûr du moment qu'on ne laisse pas traîner ses affaires) la journée et la nuit. (La photo de la rue est celle de la page d'accueil du blog, mais vous pouvez voir la terrasse"rooftop" ici.)
Dans mon dortoir (mixte), une grosse différence de priorités apparaît entre les hommes (un Américain et un ... Liechtensteinois - si, ça existe vraiment ... étonnant d'en trouver un outre-Atlantique alors que je n'en ai jamais rencontré en Suisse !), plutôt la trentaine, qui semblent être plus motivés pour se lever tôt et aller visiter la ville et que je ne croiserai pas vraiment avant leur départ, et les femmes (une Néerlandaise, une Brésilienne, une Argentine qui vit en Suède, et une Allemande), plus jeunes, qui sont visiblement là pour faire la teuf la nuit et boire des coups et discuter l'après-midi. N'étant ni suffisamment matinal pour être dans le premier groupe, ni suffisamment fan de boîtes pour rejoindre les deuxièmes, je me retrouve un peu au milieu à faire mes trucs tout en discutant un peu avec les deuxièmes quand je reviens le soir.
Faire mes trucs, c'est notamment aller profiter du parc d'Ibirapuera qui est "seulement" à 1h de marche de l'auberge. Le chemin est joli en passant par les petites rues de Jardim Paulistano, un quartier visiblement riche, avec des maisons cossues, très arboré mais aussi trusté par des guérites depuis lesquelles veillent des agents de sécurité. En arrivant au parc par la porte 9, je demande deux infos au gardien qui commence à discuter avec moi en anglais, puis en français. Ledit très sympathique gardien, prénommé Paulo, est un compositeur amateur qui adore la France, et nous devisons pendant une bonne demi-heure avant que son patron se pointe et me donne l'occasion de partir découvrir le parc.
A l'entrée du parc, une tempête récente a laissé des traces
Toute cette balade m'a mis en appétit et je grignote alors une spécialité locale. Ce que les Paulistanos appellent "coteletas" est une espèce d'escalope viennoise recouverte de "queijo" (difficile de traduire ça par fromage quand on est franco-suisse ...). Le plat n'est pas foufou, les quantités sont brésiliennes (beaucoup trop grosses), mais l'ambiance est sympa dans le resto du parc, grâce notamment à un saxophoniste qui jouait pendant que j'étais là-bas.
Le parc accueille quelques bâtiments en son sein, et notamment le musée afro-brésilien qui se trouve dans le parc. Il présentait à ce moment-là aussi bien une expo sur une communauté afro-brésilienne de paysans sans terre en lutte contre un projet de barrage, une sur un peintre contemporain afro-brésilien, et l'expo permanente qui part un peu dans tous les sens, allant des origines avec des objets béninois et congolais du XVème siècle à la fin de l'esclavage au Brésil avec des copies de textes juridiques et de journaux de l'époque (XIXème siècle) en passant par l'histoire de l'esclavage (avec une épave de négrier et des instruments de torture de l'époque), une présentation rapide des différentes religions afro-brésiliennes et des christianismes adoptés par les afro-brésiliens au cours des siècles, une histoire de la peinture afro-brésilienne et des costumes de carnaval. Bref, le fourre-tout, intéressant mais sans réel fil directeur ... et tout cela avec des panneaux explicatifs uniquement en portugais.
Après ça, je suis retourné à l'auberge boire un coup et discuter avec les autres gens de l'auberge, et l'heure a tourné, si bien que je me suis retrouvé à devoir chercher à manger vers 22h. Coup de bol, l'auberge est à côté de plein de bars et restos, et l'un d'eux (le "Patriarca Bar", le nom ne s'invente pas ;) ) proposait un concert de samba.
Après une bonne nuit de sommeil et un petit déj à l'auberge à base de café (vachement meilleur que ceux qu'on a l'habitude de boire dans nos contrées à mon goût, et en plus gratuit ...), de maté froid au citron et d'espèce de crêpes fourrées au queijo et garnies de confiture de guarana (ouais, c'est franchement bizarre mais fallait que je teste ... ça pourrait être délicieux sans le queijo), je suis parti visiter la "rua do Batman", une allée où tous les murs ont été peints par des graffeurs et autres street artistes. Y en a pour tous les goûts là-dedans, comme vous pouvez le voir sur les photos ...
Et le héros de la rue est Batman (je ne sais pas si le premier de la rue était celui-ci ou celui-là, en tout cas je préfère le 2ème).
Même dans les rues alentours, le spectacle continue, aussi bien au niveau des devantures de bars (celui-ci est en plus dans une jolie rue), à côté d'une station-service, sur la façade d'un immeuble, ou sur le mur d'une friche.
Le reste de la journée est bien moins intéressant, puisqu'à peine je venais de rentrer à l'auberge pour recharger ma batterie après toutes ces photos qu'il se met soudain à pleuvoir des trombes en continu. Et ça va durer toute l'après-midi et la nuit, ce qui me permet de mettre en place le blog et de rédiger les articles que vous avez déjà lu.
N'ayant rien mangé depuis le petit-déjeuner (mais bon, c'était une portion brésilienne donc ...), j'enfile mon k-way et me dirige vers la Peixeiria, un poissonnier-resto de poissons que j'avais repéré sur le chemin de la rua do Batman. Ça fait du bien de manger autre chose que de la viande (parce que le régime brésilien est composé visiblement de 49% de viande et 49% de gras, souvent de la friture ...), et le décor est original. A côté de moi, des locaux d'origine chinoise font une fête de famille visiblement.
Le lendemain (c'est-à-dire aujourd'hui au moment où je publie ce billet), les prévisions météo varient : alors que certaines indiquent un retour des pluies tropicales, d'autres laissent à penser que seules quelques gouttes vont rafraîchir un peu l'atmosphère. Ne sachant pas vraiment comment ça va évoluer, je commence par faire un tour dans le quartier de l'auberge, Villa Madalena. Il y a un marché dans la rue d'à côté, mais rien d'incroyable si ce n'est quelques étals avec des fruits tropicaux. Je mange un bout là et continue ma balade pendant quelques temps avant de regagner l'auberge. Vu que le temps semble être calme, je me décide à retourner au parc Ibirapuera où je veux visiter le pavillon japonais ainsi que le centre culturel brésilien. Et pourquoi ne pas y aller en bus, me dis-je ?
ERREUR.
Le système de bus local est absolument incompréhensible (les noms des arrêts ne sont marqués nulle part, les numéros de bus non plus, et la direction du bus n'est visible que sur le bus lui-même ... qui ne s'arrête pas si on ne l'a pas hélé avant !), et je suis obligé d'installer une app sur mon téléphone pour réussir à savoir quel bus prendre et où. Premier bus, pas de souci, je vais au terminus où je dois prendre une correspondance. Évidemment, mon portable a eu le temps de se décharger avant, et je fais confiance au chauffeur qui m'indique un autre bus quand je lui demande conseil. Après quelques arrêts, je me rends rapidement compte que ledit bus va exactement à l'opposé de ma direction ... et descend au premier arrêt de métro. Contrairement au réseau de bus, celui de métro a le mérite d'être compréhensible facilement, et même si la station la plus proche du parc est à 15 minutes de marche, ça reste le moyen le plus simple d'y accéder sans se ruiner.
J'arrive finalement au parc, qui est toujours aussi beau, et trouve le pavillon japonais fermé exceptionnellement pour cause de "pas plus d'explications, mais vous pouvez aller voir les autres bâtiments du parc qui sont ouverts". Bon, bah allons voir ça ... Le centre culturel brésilien est complètement vide et fermé, et le siège de la biennale l'est également (mais ça c'est déjà plus attendu). N'ayant pas le temps de partir vers mon plan B, je rebrousse finalement chemin en allant explorer des parties du parc que je n'avais pas encore vues (mais vous n'aurez pas de photos pour des raisons techniques indépendantes de ma volonté), et finis par rentrer à l'auberge un peu déçu d'avoir perdu une bonne partie de mon après-midi. En deux jours, les autres clients ont pas mal changé et à part l'Argentino-suédoise et la Brésilienne de ma chambre, je me retrouve à ne plus connaître que l'équipe de l'auberge ...
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